Les activités du programme ont commencé en juin 2020, avec la réception de plus de 1000 candidatures, reçues après la publication du formulaire d'inscription en ligne sur diverses plateformes. Le processus de sélection a été soumis à des critères spécifiques fixés par un comité spécialisé, parmi lesquels : la diversité de nationalités, les centres d'intérêt et  professions, le niveau d'expérience et de connaissances, la représentation des genres et la motivation des participants.es à s’engager sur des initiatives des droits humains dans leur pays.
Après avoir mené des entretiens en ligne et en présentiel avec plus de 120 candidats.es présélectionnés.es, 44 participants.es de 11 pays ont été sélectionnés.es. Iels ont été divisés.es en deux groupes, qui ont parallèlement commencé les étapes du programme en septembre 2020. L’idée était que chaque groupe passe les quatre premières étapes du programme individuellement, avant que les deux groupes ne se rencontrent lors de la cinquième et dernière étape.

La pandémie du COVID-19, qui a coïncidé avec le lancement du programme, a posé de nombreux défis lors des étapes de mise en œuvre, notamment en ce qui concerne les déplacements des participants.es pour prendre part aux ateliers de formation et programmes d'échange. Cependant, le programme (lancé tardivement en raison du COVID-19) a su répondre aux défis de la pandémie et aux exigences d’une communication à distance dans ses trois premières étapes, en s'appuyant sur la technologie et les plateformes électroniques pour mettre en œuvre les programmes de formation de manière interactive, et organiser des réunions virtuelles, jusqu'à ce que l'interdiction de voyager soit levée et que les participants.es l’opportunité de se rencontrer en personne durant les phases quatre et cinq.

À ce stade, les participants.es se sont familiarisés avec les connaissances les plus élémentaires relatives aux droits humains et aux organismes internationaux agissants dans le domaine de leur protection, aux définitions des différentes catégories de défenseurs.es des droits humains, et aux responsabilités de ces défenseurs.es. Les participants.es ont également été formés.es sur la façon d'étudier le changement social et ses différents outils, en particulier les outils basés sur l'éducation aux  les droits humains, à travers une méthodologie participative et un apprentissage expérimental.

Cette phase comprenait 3 programmes de formation en ligne (23 heures de formation), basés sur l'auto-apprentissage, et mis en œuvre en collaboration avec l'Académie des droits humains d'Amnesty International.

Cette étape a débuté par la présentation et l’étude de différentes approches/initiatives participatives basées sur les droits humains, ciblant divers groupes sociétaux et travaillant dans le cadre d'une approche claire des droits humains.

Au cours d’un atelier de 5 jours, les participants.es ont commencé à s’interroger sur le sujet de leur approche/initiative, après avoir été formés.es sur la façon d'analyser leur contexte local d’un point de vue des droits humains, et sur la conception de leur propre vision de la manière d’assurer un changement. Les participants.es ont acquis de plus amples connaissances sur les étapes de planification d’une initiative participative, en commençant par l'étape de définition de la problématique et de ses groupes cibles, en passant par les étapes de conception, de mise en œuvre, et d'évaluation et de suivi.

Au cours de cette étape d'apprentissage appliqué, les participants.es ont pu mettre en pratiques les connaissances qu'iels ont acquises concernant la gestion d’initiatives participatives des droits humains. Pour ce faire, ils ont préparé et soumis des formulaires et données relatives aux objectifs de leur initiative nationale et les résultats attendus, sur la base d’une analyse précise du contexte local, prenant en compte les défis et les opportunités qu'il présente. Les participants.es ont également fourni toutes les informations relatives à l'équipe de travail et la répartition des tâches, le plan de travail et ses étapes et objectifs, le budget et les coûts, les ressources disponibles, les défis potentiels, et le plan média afin d’assurer la diffusion de l'initiative.

Chaque initiative (individuelle ou conjointe) nécessitait un plan d'action cohérent, prêt à être mis en œuvre au niveau national, tout en tenant compte de l'évolution du contexte et de la réalité dans chaque pays, et en assurant une approche participative basée sur des alliances et réseaux avec des acteurs.rices de milieux divers. Chaque initiative bénéficiait de la supervision d'un.e mentor/facilitateur.rice, pouvant participer aux discussions et analyses nécessaires à l'élaboration du plan d’action, et facilitant les processus de suivi et d'accompagnement lors des étapes de mise en œuvre.

Le mécanisme de travail à ce stade reposait sur des principes directeurs précis et sur 4 modèles de travail pour aider les participants.es à déterminer les cadres de base liés à chaque initiative (fiche de note conceptuelle), le plan de travail et ses étapes selon un échéancier précis (fiche plan d'action), l’estimation des budgets et des dépenses (fiche budget), le plan média, les dates et les plateformes de publication (formulaire de publication).

Cette étape comportait principalement des entretiens directs avec divers acteurs.rices, et des visites sur le terrain d’institutions actives de la société civile, dans un but d'échange d’expériences, d’observation de mécanismes de travail et de suivi des étapes de mise en œuvre d'initiatives participatives dans divers domaines. La ville de Marseille a été choisie comme terrain de mise en œuvre de cette phase. Cela s'explique par sa diversité culturelle et son pluralisme dans les domaines de l'action civile et de droits humains tournées vers les pays méditerranéens, rejoignant la plupart des thèmes ou problématiques abordées par les initiatives des participants.es.

Au cours de 6 jours consécutifs pour chaque groupe, et grâce au partenariat avec le Réseau Euromed France (un réseau français de renommée regroupant 37 organisations civiles actives), les participants.es ont pu communiquer directement avec des acteurs.rices influents.es (à la fois des institutions et individus) de la société civile française et de la ville de Marseille, intéressés.es par les enjeux des pays de la Méditerranée, et forts.es d’expérience dans des initiatives politiques ou civiles intéressantes. Parmi ces intervenants.es : Théo Challande Névoret, l’adjoint au maire de Marseille en charge de la démocratie locale et de la lutte contre les discriminations ; Delphine Borionne, l’ambassadrice de France aux droits humains ; l’Imam militant Ludovic-Mohamed Zahed ; et la Legal-Team de Marseille. Les participants.es ont également visité les sièges de la Ligue française des droits humains, ’Euromed France, Radio Galère, la Télé Primitivi, l’organisation le Refuge, l’organisation SOS Méditerranée, le centre social Kleber, l’organisation Baham Arts, l’organisation AIDES, et le restaurant social l’après M.

À la fin de cette phase, chaque groupe a formulé une déclaration commune se déclarant comme un nouveau groupe de jeunes défenseurs.es des droits humains de différents pays, adoptant diverses initiatives et visions sur les moyens d'apporter un changement et de protéger les droits humains. Leurs initiatives émanent de dénominateurs communs représentés par la confrontation à des régimes répressifs, discriminatoires et restrictifs, ainsi que par une législation et des héritages culturels erronés, et visent dans leur ensemble à diffuser et à promouvoir une culture des droits humains.

En atteignant la phase finale du programme, les participants.es avaient déjà lancé leur initiative nationale et commencé à récolter les premières réactions à celle-ci, et ainsi à atteindre certains des objectifs intermédiaires. Dans un atelier de 3 jours regroupant tous les participants.es des deux groupes, les défenseurs.es ont continué à échanger des idées, des expériences pratiques et des informations liées aux défauts de conception ou aux défis de la mise en œuvre de leurs initiatives, aux moyens de confronter ces défis et d'adapter leur projet, et à la pertinence des résultats. Ces discussions permettaient d’enrichir les acquis collectifs et d’améliorer l'échange d'expériences entre les participants.es, pour découvrir les similitudes et les différences entre les différents contextes de travail sur les droits humains dans les pays de la région.

Le programme a conclu ses activités en marge de la journée internationale des droits humains le 10 décembre, au siège de l'Institut français de Tunisie, en présence des participants.es des deux groupes et de plusieurs experts.es et acteurs.rices dans le domaine des droits humains et la société civile. Cet évènement permettait une discussion sur les moyens et opportunités pour maximiser l'efficacité et assurer la pérennité desinitiatives des participants.es après la fin du programme. Cela a permis aux participants.es de transformer ces initiatives simples en projets pérenne et efficaces,faisant progresser une nouvelle génération de défenseurs.es des droits humains.

Les participants.es ont lancé 16 idées d'initiatives individuelles et conjointes en matière de droits humains, traitant diverses questions relatives aux droits humains dans leurs pays. L'équipe du programme a fourni un soutien technique, d’orientation et de conseil lors des différentes étapes de mise en œuvre de ces initiatives, notamment liés aux problèmes spécifiques de chaque contexte locale et aux défis que ces problèmes posent. De plus, 10 de ces initiatives ont bénéficié d’un soutien financier du programme. Les sujets des 16 initiatives allaient des droits des femmes, aux droits des minorités et des groupes marginalisés, la liberté d'opinion, d'expression et d'art, la liberté des médias et la protection des défenseurs.es des droits humains. Les contextes géographiques variaient également et couvraient différents pays dont la Tunisie, la Libye, l’Égypte, le Liban, la Syrie, la Palestine, la Jordanie, le Yémen, le Maroc, l’Algérie et l’Irak.

Il convient de noter qu'en raison de la répression et des menaces subies par les défenseurs.es des droits humains dans presque tous les pays de la région, certains.es participants.es ont lancé leur initiative sans révéler leur véritable identité, par crainte de poursuites et de représailles, alors que d'autres ont été obligées de supprimer une partie du contenu de leurs initiatives, suite à ces menaces. Dans certains pays, les initiatives ont fait l'objet de censure ou de campagnes délibérées de diffamation et de menaces contre les participants.es, ce qui les a incités.es, ainsi que les organisations organisatrices du projet, à supprimer complètement ces initiatives en particulier, et à ne pas faire référence à leurs résultats.