TH È M E
“Résister à la résignation”
L’humanité a traversé d’innombrables épreuves au cours des dernières décennies, et l’année écoulée s’est révélée particulièrement dévastatrice. Les guerres génocidaires en cours à Gaza et au Soudan, les guerres dévastatrices au Liban, la guerre prolongée en Syrie, l’invasion continue de l’Ukraine et d’autres crises à travers le monde, ainsi que la perte tragique de vies humaines, ont laissé une empreinte profonde sur notre conscience collective. L’année 2024 a été marquée par une escalade de la violence, une instabilité politique croissante et l’aggravation des crises humanitaires, mettant à rude épreuve notre capacité à préserver notre santé mentale et notre cohésion. L’instabilité politique dans la sous-région sud de la méditerranée, avec la consolidation de régimes autocratiques et oppressifs, exacerbe encore le sentiment d’impuissance. Dans le même temps, la montée des régimes illibéraux et la normalisation des discours d’extrême droite et hostiles aux droits fondamentaux en Europe remettent de plus en plus en question les valeurs démocratiques et les droits humains. Dans ce contexte, l’appel à résister à la résignation pourrait-il nous inciter à imaginer des futurs où la dignité, la justice et la liberté ne seraient pas seulement des idéaux, mais aussi des réalités tangibles ?
Résister à la résignation juxtapose délibérément deux pôles opposés : la résignation qui implique l’acceptation passive de circonstances difficiles, et la résistance, qui suggère le refus de se laisser façonner par des forces extérieures. Ces deux forces ne s’excluent pas mutuellement ; elles peuvent coexister au sein de l’expérience humaine. Dans le contexte actuel, ce dialogue entre résignation et résistance revêt une signification profonde, en particulier face aux défis politiques, sociaux et environnementaux. Comment la résistance à la résignation ouvre-t-elle de nouvelles possibilités face à l’adversité ?
La résignation apparaît parfois comme un mécanisme d’adaptation en réponse à des épreuves accablantes. Elle nous permet de fonctionner au milieu du chaos, mais au prix de l’étouffement de notre espoir et de notre imagination. La résistance, en revanche, est un acte de défi qui ravive notre capacité à rêver, à créer et à agir.
Dans le domaine de l’esprit, la tension entre l’intellect et l’imagination peut faire émerger une résistance au changement ou à la compréhension. Ainsi, loin d’être un acte d’évasion, imaginer et théoriser de nouvelles possibilités est un geste radical qui défie le désespoir. Cela nous permet d’envisager d’autres façons d’être, de penser et de ressentir, en créant des espaces intérieurs où l’espoir peut exister, même en l’absence de changement extérieur. Résister à la résignation, c’est donc refuser de laisser le poids du monde nous priver de notre capacité à rêver et à agir.
L’opposition binaire entre la résistance et la résignation n’est pas une simplification qui présenterait l’une comme vertueuse et l’autre comme passive, mais plutôt une invitation à explorer et à interroger les tensions sous-jacentes, les déséquilibres, les connexions et les moments de rupture entre ces deux forces. Elle nous invite à examiner les complexités et les nuances de nos réponses à l’adversité, en reconnaissant que la résignation et la résistance peuvent coexister, évoluer et s’influencer mutuellement de manière à remettre en question nos perceptions et nos actions. Comment pouvons-nous saisir la complexité de ces deux forces, en reconnaissant qu’elles ne sont pas absolues, mais qu’elles évoluent et façonnent nos actions au fil du temps ?
Les arts et la création de contenu peuvent jouer un rôle majeur dans le soutien et la promotion des droits humains parmi les jeunes, dans un contexte de déclin massif des libertés. Le travail artistique et la création de contenu ont le pouvoir de remettre en question les récits dominants et d’inspirer la pensée critique, permettant aux individus, en particulier aux jeunes, d’envisager des futurs alternatifs. Ainsi, les arts et la création de contenu deviennent des forces vitales dans la formation d’un imaginaire collectif.
Le projet Tae’thir vise à répondre au manque d’espaces physiques et virtuels de dialogue et de création en encourageant la promotion d’une culture des droits humains en Méditerranée à travers les pratiques artistiques et numériques des jeunes. Les formes d’art contemporain et la création de contenu numérique sont des moyens dynamiques pour explorer, interpréter et communiquer les complexités de « Résister à la résignation ».
Ce thème invite les participant·es à réfléchir à la manière dont leurs pratiques créatives peuvent lutter contre la résignation et nourrir la résistance, en encourageant l’espoir collectif dans le processus. Ce désir d’aspirer collectivement au changement et cette confiance dans le pouvoir que les artistes et les créateur·rices de contenus numériques peuvent avoir pour promouvoir les principes des droits humains, malgré le contexte actuel de notre région méditerranéenne, représentent la lueur d’espoir autour de laquelle s’articule notre projet Tae’thir.
Nous examinerons le thème «Résister à la résignation» sous différents angles :
- L’art et la création de contenu peuvent-ils créer des « espaces impossibles » qui défient les lois de la réalité ? Comment ces espaces peuvent-ils devenir des havres d’espoir et d’action, libérés des contraintes du monde réel?
- Comment des émotions telles que la tristesse, la colère ou l’amour peuvent-elles déclencher une résistance collective ? Comment l’art et la création de contenu peuvent-ils rediriger ces émotions pour qu’elles deviennent des catalyseurs de changement plutôt que des voies vers la résignation?
- Quel rôle les artistes et les créateur·rices de contenus jouent-ils dans la société, compte tenu de leur propension inhérente à soulever des questions issues de leurs propres interrogations ? De même, quelle est l’importance de l’art et de la création de contenu numérique dans la société ? Comment pouvons-nous constamment remettre en question le statut de l’œuvre d’art, le rôle de l’artiste et la position de l’art dans notre cadre sociétal?
PROJET TAE’THIR
Promouvoir les droits humains en Méditerranée à travers les pratiques numériques et artistiques des jeunes
Le projet Tae’thir – influence en arabe – est la continuité d’une réflexion de longue date sur l’évolution des nouvelles formes de mobilisation et de revendication autour des droits humains en Méditerranée. Le consortium de ce projet, le Réseau Euromed France, l’Institut du Caire pour les études des droits de l’Homme, les Instants vidéo numériques et poétiques et la Ligue de l’enseignement des Bouches du Rhône, œuvre depuis des années sur les questions liées à la défense des droits humains, à la promotion d’une citoyenneté active et à l’accès à l’art et à la culture pour tous.tes dans des contextes qui se referment de plus en plus.
Le projet Tae’thir vise à ouvrir des espaces propices à l’échange d’idées et à la création en encourageant la promotion d’une culture des droits humains en Méditerranée à travers les pratiques artistiques et numériques des jeunes.
Le projet a été lancé en septembre 2023 à Marseille pour une durée de 3 ans et est soutenu financièrement par l’Agence française de développement, la Délégation interministérielle à la Méditerranée – ministère de l’Europe et des Affaires étrangères – et la Fondation de France. Le premier cycle du projet Tae’thir a démarré en février 2024 et se poursuit. Il s’achèvera par la présentation d’œuvres numériques et de productions artistiques à Marseille en octobre 2025, lors du Festival Les Instant Vidéo 2025.
Cet appel à candidatures s’inscrit dans le cadre du Cycle 2 du projet Tae’thir, qui impliquera des jeunes artistes et créateur·rices de contenus de 17 pays méditerranéens dans un cycle d’activités s’articulant autour :
- d’un cycle de formation/réflexion en ligne offrant aux participant·es une exploration approfondie des enjeux des droits humains—patriarcat, critique et censure—tout en favorisant la prise de conscience, la réflexion critique et les liens avec l’art et la création de contenu. Il offre également une plateforme pour les participant·es afin d’échanger et de partager leurs expériences sur ces questions.
- d’un cycle de mentorat visant à soutenir les participant·es dans le processus de production et de diffusion de leurs productions artistiques et numériques, en les aidant à structurer et formaliser leur projet sous tous ses aspects (financiers, techniques, et rédaction du dossier de projet). Un·e mentor leur apportera un soutien personnalisé pour la production d’un dossier artistique/de création de contenu.
- d’un atelier multi-acteur·ices à Marseille visant à promouvoir les échanges entre artistes, créateur·rices de contenu et acteur·ices locaux. Ce moment clé du programme permettra aux participant·es de tisser des liens, de développer de nouvelles collaborations et de bénéficier d’opportunités précieuses pour enrichir leurs pratiques artistiques et de création de contenu, tout en augmentant la visibilité de leurs projets.
Seules 10 à 11 œuvres numériques et productions artistiques auront la possibilité :
- d’être soutenues financièrement avec un maximum de 3 000 € alloués par projet. L’annonce de l’attribution de la subvention est prévue pour septembre 2025, après l’achèvement des trois activités susmentionnées.
- d’être présentées au public à Marseille, en France, en mai 2026.
Pour plus d’informations sur les conditions de candidature et le programme de cette édition, cliquez ici.
Veuillez utiliser ce lien pour accéder au formulaire en ligne et soumettre votre candidature.
NOTA BENE
*Nous ne considérons pas la situation des droits humains dans la région méditerranéenne comme homogène, nous sommes conscient·e·s des contextes sociopolitiques uniques et des défis auxquels chaque pays de la région est confronté. Chaque nation a une histoire, une culture faite d’identités multiples, ainsi qu’un système politique et une dynamique sociale qui lui sont propres et qui façonnent le paysage des droits humains de manière spécifique. **Dans ce projet visant à promouvoir les droits humains à travers l’art et la création de contenu numérique, nous tenons à souligner que l’art ne doit pas être instrumentalisé. Notre approche valorise l’intégrité artistique, la créativité et l’expression authentique des idées et des émotions. Nous croyons au pouvoir de l’art et de la création numérique pour inspirer le changement de manière organique, sans manipulation ni coercition. ***En outre, nous croyons au pouvoir de l’apprentissage collaboratif, où les connaissances sont partagées horizontalement, ce qui favorise un environnement de respect et de compréhension mutuels. Nous encourageons le dialogue ouvert, l’écoute active et l’échange de points de vue divers, en veillant à ce que toutes les personnes impliquées apprennent les unes des autres. En cultivant un espace collaboratif et inclusif, nous visons à amplifier l’impact de notre projet et à cultiver une riche tapisserie d’expressions créatives qui résonnent avec l’essence même des droits humains. ****Nos organisations sont contre la discrimination et s’y opposent activement. Nous menons des actions positives et mettons en œuvre des mesures pour garantir la non-discrimination fondée sur l’ethnie, la couleur, l’opinion politique, l’origine nationale, l’âge, la religion, la croyance, le handicap, l’orientation sexuelle, l’identité de genre ou l’expression de genre. Nous nous engageons à favoriser un environnement inclusif, sécurisé et accueillant, en garantissant un espace de débat sûr pour tous nos membres, participants et membres du personnel. |
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