Déclaration commune: Alors que la Tunisie célèbre le premier anniversaire de la révolution, le Groupe d’observation de la Tunisie organisé par l’IFEX (TMG de l’IFEX), une coalition de 21 groupes membres de l’IFEX, exhorte le gouvernement tunisien à révoquer les nominations controversées qu’il a faites récemment, nominations qui ont octroyé à des employés de médias proches du Président déchu des postes clés dans les médias de service public. Le TMG de l’IFEX réitère en outre sa demande que les journalistes puissent exercer librement leur travail, après qu’un autre journaliste ait été attaqué la semaine dernière lors d’une manifestation.
Il y a un an, lorsqu’il a balayé la dictature du Président Zine Abidine Ben Ali, le peuple tunisien a établi un précédent extraordinaire dans toute la région et au-delà. En soutenant les médias libres et indépendants, les dirigeants du pays pourraient répondre aux attentes véritables de la société et envoyer un signal puissant aux autres pays du printemps arabe.
Les journalistes tunisiens aujourd’hui n’accepteront pas le retour des vieilles pratiques corrompues ni des nominations partisanes de l’ancien régime. Les médias authentiquement démocratiques et transparents doivent se construire sur la base de vraies consultations avec toutes les parties prenantes.
Le 9 janvier, le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) a organisé une manifestation dans la Casbah pour protester contre ces nominations controversées. Un certain nombre d’organisations de la société civile et de partis politiques ont également dénoncé les nominations annoncées par le Premier ministre Hamadi Jebali.
D’après le Centre de Tunis pour la liberté de presse, qui dénonce lui aussi les nominations, Sadeq Al-Bou’ban a été désigné comme administrateur de la Chaîne 1 de la Télévision nationale après avoir été à la tête de la station La 7, dite la « pourpre » (ou pro-Ben Ali). Parmi les autres postes annoncés, Adnan Khathar, qui a orchestré la campagne « électorale » de 2009 de Ben Ali, a été désigné directeur général de la télévision publique de Tunisie.
L’une des principales recommandations formulées par les tenants de la liberté d’expression en Tunisie lors d’une conférence organisée par le TMG de l’IFEX en décembre à Tunis soulignait l’importance de médias publics indépendants et le « non-alignement » de ceux qui les dirigent.
« Au lieu de transformer les médias publics en institutions libres, professionnelles et indépendantes, après avoir pendant des années servi d’outil entre les mains du régime Ben Ali, les nominations annoncées par le gouvernement récompensent les hommes de Ben Ali dans le secteur des médias en leur confiant des postes clés dans les médias de service public. Bien des gens ont perçu ces nominations comme une tentative des autorités pour installer des individus qu’elles peuvent maitriser afin de tenir en laisse ces médias, » dit le journaliste Fahem Boukaddous, du Centre de Tunis pour la liberté de presse.
« La décision du gouvernement est faussée et troublante. Les médias de service public existent justement pour servir le public et non des objectifs politiques, et ceux qui sont à la tête des médias publics doivent s’y trouver en raison de leur aptitude même à développer et à défendre l’information et la programmation indépendantes, » dit Virginie Jouan, Présidente du TMG de l’IFEX.
Le TMG de l’IFEX a protesté la semaine dernière contre les agressions commises le 4 janvier contre deux femmes journalistes par des policiers en civil lors d’une manifestation. Le TMG de l’IFEX se dit également très inquiet d’apprendre que le 11 janvier, Sofiane Bin Hmida, de Nessma TV, a été attaqué par des militants de Ennahda tandis qu’il couvrait un sit-in au ministère de l’Intérieur, selon ce que rapporte l’Agence Tunis Afrique Presse (TAP). Les manifestants demandaient le licenciement du chef de la sécurité intérieure, une autre personne associée à l’ancien régime.
Signataires
- Arabic Network for Human Rights Information
- Association mondiale de radiodiffuseurs communautaires (AMARC)
- Association Mondiale des Journaux et des Éditeurs de Médias d’Information
- Bahrain Center for Human Rights
- Cairo Institute for Human Rights Studies
- Canadian Journalists for Free Expression
- Cartoonists Rights Network International
- Egyptian Organization For Human Rights
- Fédération Internationale des Journalistes
- Freedom House
- Index on Censorship
- International Federation of Library Associations and Institutions
- International Press Institute
- International Publishers Association
- Journaliste en danger
- Maharat Foundation (Skills Foundation)
- Media Institute of Southern Africa
- Norwegian PEN
- World Press Freedom Committee
- Writers in Prison Committee, PEN International
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