Déclaration commune: En dépit des promesses du nouveau gouvernement tunisien de préserver la libre expression, le Groupe d’observation de la Tunisie organisé par l’IFEX (TMG de l’IFEX), une coalition de 21 groupes membres de l’IFEX, s’inquiète de constater, à la lumière des attaques perpétrées récemment contre des journalistes et des universitaires, que ce droit n’est pas suffisamment défendu.
Le 4 janvier, deux femmes journalistes, Sana Farhat et Maha Ouelhezi, ont été agressées par des policiers en civil à Tunis tandis qu’elles couvraient une manifestation organisée par des professeurs d’université à l’extérieur de l’immeuble abritant le Ministère de l’Éducation. Les professeurs de l’Université Manouba dénonçaient le sit-in, qui dure depuis un mois, que tiennent des salafistes qui font campagne en faveur du droit pour les étudiantes de porter le niqab aux cours à l’université. Le sit-in d’un mois a été levé le 6 janvier, les étudiantes portant le niqabse jurant de poursuivre leur campagne.
Alors que l’interdiction du hijab, le foulard, a été levée après la révolution, le niqab, c’est-à-dire le voile qui couvre le visage, demeure interdit dans les universités et les établissements publics.
Fatma Jegham, qui enseigne à la Faculté des Beaux-Arts à Tunis, a elle aussi été agressée parce qu’elle enseigne une matière que les salafistes jugent « offensant pour Dieu. » La professeure a également été visée en ligne et traitée d’immorale et d’athée. Ces événements font suite à un certain nombre d’attaques organisées par un groupe de salafistes qui s’en sont pris auparavant à Nessma TV parce que la chaîne a diffusé le film Persépolis et le débat qui a suivi la présentation, considéré lui aussi comme offensant.
« Cette série d’attaques contre les universités et les espaces publics nous rappelle les jours sombres de Ben Ali. Au moment où le gouvernement tunisien fait de grands pas vers la consolidation de la démocratie et d’un gouvernement ouvert, nous l’exhortons à multiplier les efforts afin de respecter ses engagements, » a déclaré la présidente du TMG de l’IFEX, Virginie Jouan, qui représente l’Association Mondiale des Journaux et des Éditeurs de Médias d’Information.
Le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) a organisé le lundi 9 janvier une manifestation dans la Casbah pour dénoncer les agressions contre les journalistes, ainsi que la nomination controversée de dirigeants de médias publics par le gouvernement.
Alors qu’il soutient entièrement la recommandation d’inscrire la liberté d’expression dans la nouvelle Constitution, le TMG de l’IFEX appelle les autorités compétentes à prendre des mesures concrètes et immédiates afin de protéger la liberté d’expression, qu’il s’agisse du droit de faire son travail de journaliste ou du droit de s’exprimer librement dans des manifestations non violentes.
Le TMG de l’IFEX fait campagne pour sensibiliser aux violations de la libre expression en Tunisie et pour appuyer les journalistes et les écrivains indépendants, ainsi que les militants de la société civile dans leur lutte pour mettre fin à la censure dans le pays.
Signataires
Arabic Network for Human Rights Information
Association mondiale de radiodiffuseurs communautaires (AMARC)
Association Mondiale des Journaux et des Éditeurs de Médias d’Information
Bahrain Center for Human Rights
Cairo Institute for Human Rights Studies
Canadian Journalists for Free Expression
Cartoonists Rights Network International
Egyptian Organization For Human Rights
Fédération Internationale des Journalistes
Freedom House
Index on Censorship
International Federation of Library Associations and Institutions
International Press Institute
International Publishers Association
Journaliste en danger
Maharat Foundation (Skills Foundation)
Media Institute of Southern Africa
Norwegian PEN
World Press Freedom Committee
Writers in Prison Committee, PEN International
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